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Journalisme et contrat de communication publique

  • 8 février 2021
Trois doctorantes du LaPIJ, Cassandre Burnier, Lise Ménalque et Alexia Vidalenche, ont publié dans le dernier numéro de la revue Études de communication publique. Ce numéro présente les résultats de travaux de recherche menés par des doctorant·e·s et jeunes docteur·e·s en sciences de l’information et de la communication dans le cadre d’un séminaire de recherche tenu en septembre 2019, portant sur le concept de contrat de « communication publique ».

Cassandre BURNIER étudie une situation dans laquelle des règles du contrat de communication se trouvent contestées par les un·e·s et défendues par les autres. En 2013, un groupe industriel privé (Nethys), lui-même détenu par une entreprise du secteur public (l’intercommunale Enodia), acquiert une participation majoritaire dans une entreprise de presse belge (Les Éditions de l’Avenir qui publient le quotidien L’Avenir). Cette acquisition provoque un conflit entre l’actionnaire et la rédaction de L’Avenir. Celle-ci s’engage alors dans une lutte au cours de laquelle elle énonce et publicise des revendications (respect de l’indépendance de la rédaction et de l’autonomie des journalistes ; transparence des intentions, de l’identité et des pratiques de l’actionnaire ; participation de la rédaction à certains processus décisionnels de l’entreprise) qui prennent appui, explicitement, sur le contrat historique qui lie le journal à ses lecteurs·trices.


Lise MÉNALQUE poursuit l’étude du rapport entre l’État et les médias publics sous l’angle du genre. Elle cherche à savoir quelle place ont occupé les questions relatives au genre et aux femmes dans les contrats de gestion de la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF) entre 1997 à 2022. Quelle est la place ou la visibilité des femmes en tant que journalistes et travailleuses dans l’entreprise, en tant que public, en tant qu’intervenantes au sein des programmes ? L’analyse du contenu des cinq contrats de gestion qui ont été négociés et convenus depuis 1997 montre que la situation des femmes et les questions de genre, loin de constituer un impensé politique, apparaissent bel et bien dans ces documents et font l’objet d’une volonté politique explicite qui influe sur le contrat de communication publique et sur le jeu entre les protagonistes.


Alexia VIDALENCHE compare deux journaux du 19e siècle, aux titres apparentés : Les Hommes d’aujourd’hui publié à Paris et Les Hommes du jour publié à Bruxelles. Les deux journaux adoptent le même format éditorial, celui du journal biographique, et pratiquent le même genre, le portrait de presse, très prisé à cette époque en France et en Belgique. Ce format et ce genre constituent un modèle journalistique que les lecteurs·trices de l’époque pouvaient reconnaître et décoder et impliquent donc une « lecture contractualisée ». Cependant, le contexte de production des deux journaux, la personnalité des rédacteurs et leurs ambitions (littéraires chez les uns, politiques chez les autres), font varier le format et le genre. Le portrait de personnalités est mis au service de visées de communication très différentes, à savoir satiriques pour les premiers et militantes pour les seconds.

No 23 : CHARRON, Jean et LE CAM, Florence et Denis RUELLAN (sous la direction de). Le contrat de communication publique. Québec : Département d’information et de communication, Université Laval, 2020. 262 p. ISBN 978-2-921383-96-7